Multi-portraits 3 : l’équipe MER

L’équipe MER : c’est quoi, c’est qui??

C’est une Team de l’organisation menée par Francis LEGOFF (directeur de la ligue de voile de Haute-Normandie), le directeur de course adjoint sur cette Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire 2015. Quand on commence à bien le connaître Francis, on sait qu’il s’entoure généralement de la crème de la crème que ce soit pour son travail de tous les jours au Havre où sur ce genre d’opération plus ponctuelle. Lire la suite

Multi-portraits 2 : Les supporteurs KKBB

P1060405Après le préparateur, portrait de mes supporteurs, arrivés aussi fatigués que moi à Dieppe. Après un mois de clics intensifs sur la souris de l’ordinateur (toutes les 6 minutes pendant chaque étape et toutes les trois minutes à l’approche des arrivées) pour mettre à jour la cartographie, enfin nous pouvons débriefer de vive-voix :

– « Mais pourquoi t’es pas restée avec champion (Alexis LOISON) sur la dernière quand il a fait sa superbe remontée ? »P1090992

– « A Concarneau c’était quoi cet envoi de spi? Et ce départ au travers à Torbay? » …

Autant de questions difficiles à éluder lorsque l’on est sur le pc et que l’on ne connait pas vraiment les conditions météo en pleine mer. Mais ces questions bien sûr, viennent après les encouragements et les félicitations de chacun, par texto, mail, boîte aux lettres des skippers via le site de la course, coups de téléphones…

Autant de petites phrases que l’on relit dix fois avant de reprendre la mer pour se recharger à bloc.

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L’autre grosse motivation est de savoir que j’étais attendue à bon port, ainsi les coups de pouce à Bordeaux, l’accueil à Concarneau et à Dieppe alors que j’étais un poil fatiguée m’ont vraiment permis de vite penser à l’étape suivante à chaque fois. Chaque départ c’est forcément de la nostalgie des moments passés à terre, mais c’est aussi et surtout la « niac » de vouloir arriver vite pour vous retrouver sur les prochains quais. C’est aussi l’obligation de trouver du plaisir sur l’eau, de profiter de chaque moment afin de pouvoir partager avec vous ces instants incroyables passés sur l’eau.

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P1060118J’ai vraiment été surprise des retombées du Kisskissbankbank au-delà de l’aspect financier. Famille, amis dont quelques uns perdus de vue, inconnus… un grand merci pour vos commentaires et votre soutien. Comme promis, j’ai arboré fièrement ce pavillon vous réunissant tous dans chaque ville étape de cette Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire 2015. De votre côté, vous m’avez fait la surprise de porter fièrement ce magnifique t-shirt dessiné par Benoit CHARON (mentor du projet!) des plus petits aux plus grands!

Pour ceux qui n’ont pu nous rejoindre sur place, je ne vous ai pas oublié. Bon là maintenant je suis à Kiel donc c’est un peu compliqué mais dès que je rentre en Normandie, je fais le point sur ceux qui n’ont pas reçu leur contre partie et je corrige le tir. Quant aux cartes postales, malgré quelques aléas (arrêt imprévu à la Corogne, séjour court à Concarneau, jours très-trop courts à Dieppe) elles sont toutes parties (la dernière série d’Allemagne du coup!) e la plupart déjà arrivées.

cartes postalesP1060295

20150528_205029Alors voilà, un grand merci à toutes et à tous, en espérant que par ces courts récits de mer vous aurez entrevus une partie de cette expérience géniale. Ci-dessous en vrac quelques photos de Bordeaux, Concarneau et Dieppe. L’année prochaine on remet ça en vous espérant encore plus nombreux, et l’année d’après et encore d’après… Je dois avouer que je suis devenue accro ; loin d’être dégoûtée je n’ai qu’une seule envie recommencer!

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La der des der ou comment sauver une Solitaire!

Dimanche dernier, après quelques jours bien agréables à Torquay, le départ de la dernière étape de la solitaire du figaro Eric Bompard Cachemire était enfin lancé.

Enfin parce qu’à ce moment-là tout se mélange, tu ne sais plus où tu habites, tu es contente d’être dans ce coin magnifique et de profiter du moment mais en même temps fébrile avant le lancement de la dernière étape dans laquelle l’enjeu est de taille au niveau du classement provisoire peu satisfaisant, pressée d’en finir après un mois de course.

Cette dernière clôture pour moi une période bien occupée de six mois entre aller-retour port-la-forêt et le havre, régates de J80 et de Figaro.

Revenons à la course, à cause du peu de vent prévu sur toute l’étape, une nouvelle fois le Directeur de Course a pris le parti de changer le parcours et cela jusqu’à la veille du départ. Plus de tour de l’île Lundy (dite « l’île aux macareux »), un décrochement de la côte anglaise plus à l’est de l’île de Wight. Le parcours qui devait être le plus long devient quasiment le plus court en nombre de milles mais pas en temps de course. Effectivement, même le jour du départ certains routages s’arrêtaient net au moment de la traversée du Dispositif de Séparation de Traffic (que l’on appelle aussi le rail des cargos, passage obligé pour canaliser les déplacements des bateaux de commerce qui marchent entre 12 et 17 nœuds à cet endroit).

Drôle de départ pour une drôle de course donc, dans la baie de Torbay, il y a de l’air très variable puisque provenant de la côte (entre 8 et 17 nœuds). Le parcours spectacle est en place, et après une sortie « olé olé » du port, je prends tranquillement mes repères pour le départ. Cependant je sens bien que je ne suis pas à 200%, peut-être la lassitude, peut-être le fait de départse dire que finalement sur cette course ce ne serait peut-être pas le moment clef, bref je n’arrive pas à rentrer dans le mouvement.

Je me place en bout de ligne, sous le vent de toute la flotte. Le départ est lancé et moi aussi sauf que je mets énormément de temps à reprendre mes réglages et je perds du latéral sur mes adversaires directs. Dommage parce que Vincent Biarnès qui passe la bouée au vent largement en tête à fait un seul bord à gauche (du même côté que moi donc) !

Tant pis, on enroule, on envoie le spi. Nous sommes dans le groupe de derrière et restons collés serrés jusqu’au passage du cap en sortie de baie. A partir de là nous attend un très long bord de près, jusqu’au milieu de la nuit pour aller chercher du vent au large et surtout une bascule de vent favorable. Ce long bord était un vrai objectif pour moi, de réussir à faire avancer le bateau dans la brise et ne pas perdre de terrain. Ca marche plutôt bien car je recolle le paquet de devant. Malheureusement il y a un moment où ça décroche de nouveau après quelques heures sans que je n’arrive à comprendre pourquoi et à trouver la remédiation au problème.

Nous virons tous pour viser le bout de la pointe ouest de l’Angleterre et la prochaine marque de parcours Runnel Stones. Nous sommes le lendemain, il pleut sous le front, il y a entre 16 et 27 nœuds et je ne lâche rien. Jeanne Grégoire coach du Pôle Finistère course au large m’avait dit de tout donner pour cette dernière et que ça n’était pas normal que je sois classée ainsi. Alors je la joue un peu bourrin (pas forcément très malin mais ça fait du bien) je reste GV haute, génois, je tire sur tout pour aplatir les voiles au maximum (pataras, cunni, bordure), je vrille le génois au maximum. Le bord qui me sauve. Même si je n’atterris pas à la pointe mais un peu à l’est, je continue vers la côte. Sous le vent, on attrape tellement de rotation à droite que je me retrouve non seulement à faire la route en directe mais en plus au près débridé, je peux donc lâcher les chevaux alors que les concurrents sous le vent restent au près. Ca me permet de recoller franchement Jack et Henri, qui deviendront mes deux objectifs pour un long très long moment. Dans le rétroviseur, je garde un œil très attentif à Benoit Mariette sur Entrepose, aussi bizuth et très bon navigateur.P1060533

P1060536Nous enroulons cette cardinale contre courant et nous élançons vers les falaises anglaises pour s’abriter autant que possible en multipliant les virements de bord. A ce jeu, ça ne bouge pas beaucoup, c’est un peu le train-train il suffit de garder un oeil sur la cartographie et de se placer pour ne pas être gêner par les adversaires. Pendant ce petit jeu, le soleil sort enfin le bout de son nez, la pluie se stoppe et la côte nous dévoile son charme. Le seul à transpercer gentiment mais surement la flote c’est Alexis Loison sur son Groupe Fiva qui grossit à vue d’oeil. N’étant pas encore de taille, je me lance comme défi de le garder derrière au moins jusqu’à la bouée Hub Wave, marque la plus Nord à contourner avant de prendre enfin la route de la maison! Et j’y arrive, il est là au près à l’affût de la moindre erreur juste derrière moi. On envoie le spi et nous sommes quasiment bord à bord. Le vent a bien mollit et nous sommes de nouveau contre le courant (l’avoir tout le temps dans le bon sens ça aurait été trop facile!) Alexis fini par me doubler et moi j’ai bien rattrapé Benoit qui m’avait doublé au près et Arthur Pratt que je n’avais pas vu du début de course;

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Objectif = après avoir passé le phare de Longship, cap sur celui de Wolfrock avant que le vent ne s’écroule, il a de grosses baisses de régime de temps à autre mais on avance doucement mais surement. Juste avant le phare je double Arthur et j’enroule derrière Benoit. C’est parti pour une magnifique nuit en mer dans un vent capricieux. P1060551P1060550Ma résolution de moins dormir apporte ses fruits, je tiens bon en vitesse voire de temps en temps j’en double un ou deux. Gros moment de doute le lendemain midi lorsque nous arrivons au niveau de Portland.
Plus de vent synoptique, il fait très beau et on se dit que le thermique va se lever dans cette baie. Malheureusement, en voulant garder du vent le plus longtemps possible, je me suis éloignée de la côte et il me devient impossible de jouer cette option. Patience alors, j’attends, encore et encore et puis quelques bribes de vent commencent à rentrer. Rien de très franc, mais de quoi faire redémarrer tout doucement la machine. L’élastique se détend, les premiers repartent avant leur poursuivants. Il faut donc essayer de rattraper de nouveau l’écart qui s’est créé alors on relève ses manches et au boulot.

Nouveau magnifique coucher de soleil, dans la nuit nous atteignons tant bien que mal l’île de Wight sur un seul bord, c’est à ce moment que je parviens à doubler Jack et Benoit avant d’enrouler « Owers » et de faire route au près cap au sud pour la traversée vers les terres normandes. Sur ce long long bord, pendant lequel le vent tombera complètement le midi puis reviendra capricieusement vers 16-17 heures, Jack repasse devant. A la bouée d’Antifer, le stress remonte, est-ce que le vent va nous permettre de rallier les falaises pour nous abriter du courant à temps?? Il monte d’autant plus que plus nous nous rapprochons de la côte et plus le vent mollit avec la tombée de la nuit. Devant, Redshift de Nick CHERRY et Faun environnement de Arnaud Godard stagnent le long de la digue du port d’Antifer… Dilemme car il y a plus de vent au large.. Je tente un virement en me disant que je rejoindrai la côte dans une zone un peu plus nord où le vent n’est pas gêné par les falaises. Heureusement, Henri, Jack et Benoit décident d’en faire autant et nos poursuivants aussi.

coucher de soleil

A terre Nick et Arnaud redémarrent d’une façon incroyable, nous avons l’impression qu’ils longent la côte sur un bord, à 5 noeuds et contre le courant. Phénomène de nuit imparable. Alors je ravale ma fierté, préparation mentale avant le virement et le bord de la mort. Je sais que ce quart d’heure va être psychologiquement le plus difficile de cette navigation. En approche de la côte le vent mollit de deux noeuds et le courant me rabats en arrière. On ajoute le vent qui refuse de près de 60° et le seul truc qui me maintient en alerte, c’est que Jack qui a viré avant moi fini par redémarrer très fort sous les falaises. Enfin je sens ce vent chaud qui dévale les falaises entre 10 et 12 noeuds, le courant ne va pas tarder à se renverser. Le compte à rebours commence. Il me faut atteindre Dieppe avant que le soleil se lève et que la terre se réchauffe à nouveau, coupant le ventilateur. Il me faut aussi arriver avant 6 heures car après le courant se renversera. Plus question de dormir. Ce vent de nuit est très particulier, à la perpendiculaire de la falaise, le phénomène ne s’étend pas trop au large. Dès que l’on tire la barre un peu trop, on se retrouve dans 3 à 4 noeuds de vent. J’arrive de temps en temps à envoyer un grand spi. Chaque baie est une petite torture tant la tentation de couper tout droit est forte, mais c’est impossible, il faut longer chaque méandre de la falaise. Ne pas oublier non plus la zone interdite de la centrale de Paluel (qui coûtera la victoire à Xavier MACAIRE malheureusement), aller chercher la bouée qui la délimite nous oblige à nous éloigner un petit peu mais le vent tient. Les adversaires de l’arrière n’arrivent pas à revenir et je ne regarde plus que devant. Le dernier passage compliqué c’est la bouée des roches d’Ailly. Je pense que tous mes ongles y sont restés. Plus loin de la côte il n’y a plus de vent à son niveau. Plus de vent, cela veut dire aussi qu’il a tourné. Je l’enroule grâce au courant et j’ai énormément de mal à tenir un cap vers la falaise pour retrouver une risée salvatrice. Les nerfs commencent à prendre cher et la paranoïa se distille dans les veines tranquillement. Je sors le mouillage sur le pont, j’installe le spi à l’avant, prête à parer à toute éventualité. Mais l’histoire fini bien, après une bonne demie heure de galère, je retouche  du vent, je fais un magnifique arc de cercle le long de la côté et je coupe la ligne enfin… 24ème et seulement 2 heures et demie ou un peu plus après le premier, je peux m’estimer heureuse!

Ce soir remise des prix officielle à 18H30, je finis 26ème et 5ème bizuth, résultat honorable finalement!

de la Cornouaille à la Cornouaille (enfin presque!)

Après un court repos, en route pour Torquay!

Dimanche c’est reparti, on profite des derniers instants en famille, on peaufine la météo, on règle le bateau une dernière fois.derniers réglagesP1060405

Suite à cette étape raccourci à Concarneau pour le grand désespoir des marins qui auraient aimés profiter un peu plus de leurs proches venus les soutenir en terre Bretagne, la direction de course a choisi de supprimer le passage par le Fastnet.

bouées orga

Au programme donc : départ dans la Baie de Concarneau, petit parcours spectacle, passage entre Groix et la côte, contournement du phare des Birvideaux située au nord ouest de Belle Ile, passage à l’ouest de la chaussée de sein et de Ouessant. Ensuite on trace vers a côte pour contourner l’île de Batz par le Nord, descendre chercher deux bouées à l’est de cette île et décrocher pour traverser la Manche vers le phare Wolfrock (au nord est des Scilly) avant d’atterrir sur la cote anglaise que nous suivrons jusqu’à la Baie de Torbay.

Une superbe navigation côtière prévue au raz des cailloux bretons, un programme tel que l’on ne ferait pas mieux pour une magnifique croisière estivale!

les normands

Revenons au départ : le vent à du mal à s’installer, ça ressemble à la Baie de Sanxenxo, les blagues des marins commencent à se bousculer sur les ondes. Après une première tentative où il y a une telle bascule de vent que le comité a du annuler, une seconde qui sera un départ volé par trop de bateaux et donnera un rappel général, c’est la troisième tentative qui sera la bonne. Je fais un bon départ plutôt à gauche de a flotte, j’arrive à choisir mon moment pour virer, et espère pouvoir recroiser, mais en route de collision avec un bateau, je décide de virer dessous. Dommage, si j’avais pu naviguer avec du vent frais à ce moment-là et retraverser le plan d’eau je pense que j’aurais été au top. Au lieu de ça j’enchaîne quelques manoeuvres médiocres, je recolle à la bouée au vent. on envoie le spi direction la sortie de la Baie, je me place à droite avec Yann Eliès juste devant moi. Nous enroulons Linuen pour traverser vers l’est de la baie mais je suis sous le vent de mes concurrents donc je mets énormément de temps à racrocher du vent dans le spi. Je reperds des places, beaucoup… Ensuite nous longeons la côte est jusqu’à une tourelle, les dragons. Avec Gropue Fiva nous passons au large pour éviter les dévents et profiter du maximum du courant et cela nous réussi. Ajoutez à cela un petit Z pour m’engager sur la tourelle des dragons à l’intérieur cette fois-ci, et j’enroule juste derrière Xavier Macaire, non fière de moi !devant chamionjuste derrière elies

En route pour Groix, sous spi serré entre 12 et 15 noeuds de vent, la lumière est magnifique et nous progressons vite. Passage de Groix où un zodiac du bateau de la Volvo Ocean Race Donfeng (en escale à Lorient) viendra nous faire coucou. Le vent molli, nous passons vent arrière pour aller contourner les Birvideaux pendant que le soleil se couche.

J’arrive avec un paquet de 5 bateaux ou plus au phare nous sommes donc plusieurs à prendre la décision d’affaler le spi plutôt que de tenter un périlleux empannage largue-largue. On repart de l’autre bord, au vent de travers, c’est la course à la préparation du spi pour l’envoyer de nouveau ce qui se passe plutôt bien à bord de Région Basse-Normandie.

C’est après que ça se corse, j’affale trop tard quand le vent tourne, et surtout le bras du spis ne veut pas venir, j’ai beau libérer toutes les écoutes, descendre le tangon, tirer et tirer encore ça ne vient pas. Alors pendant que mes camarades avancent tranquillement, je me retrouve à saucissonner mon spi pour ne pas qu’il s’envole et pour que je puisse aller le décrocher à l’avant. Après ce passage épuisant, je n’arrive pas à trouver la vitesse. Je checke les algues dans les safrans, dans la quille, je modifie mes réglages, je tourne en bourrique (et pas pour rien car ceux qui suivent la carto me confieront à l’arrivée que j’étais très lente par rapport à mes adversaires!).

Je m’organise malgré tout pour caler des sommeils, et je fais cap vers la chaussée de Sein. La longue traversée de la Baie d’Audierne se fait sans encombres, nous passons tous la chaussée de Sein à peu près dans le même courant et commençons à tirer des bords de près vers Ouessant. A la fin, c’est la gauche qui passe (encore!) et le train-train qui commence. Après un très beau contournement de Ouessant avec le courant, en route pour Portsall où il faut arriver avant la renverse de courant. S’ensuit les traditionnels bords dans les cailloux jusqu’à l’île de Batz lors desquels deux bateaux déclareront forfait à cause de talonnages. Cette navigation a été un grand plaisir, la côte bretonne n’est jamais aussi belle que dans ces moments-là, au coucher du soleil. La nuit amène un peu de stress, quand les autres commencent à coucher et ue la marée est basse, tu commences à te méfier ! D’autant que mon sondeur n’en fait qu’à sa tête et que sur la cartographie, il y a un décalage entre la position actuelle du bateau et celle transmise sur la carte par le GPS, il faut donc réussir à prendre se décalage en compte pour ne pas manoeuvrer trop tard et se prendre un cailloux!

Heureusement, lorsque je contourne la côte ouest de l’île de Batz, le courant devient favorable et nous pouvons commencer à nous éloigner de nouveau des rochers.

Malheureusement, depuis Ouessant, les jeux sont faits. Les premiers bateaux à toucher la côté bretonne puis à la quitter sont aussi les premiers qui entrerons dans la dorsale, les premiers qui en ressortiront, qui profiteront du scénario courant idéal le long des côtes anglaises, bref ça part par devant.

Mais à bord, je ne me démonte pas, j’attaque la dorsale, j’ai des petits camarades de jeu pas très loin. La pétole nous engloutie tous sans exception, les jeux de radio toubib reprennent, je trouve le schmilblique, je le visualise : (« l’instrument avec lequel Patrick Sébastien joue le petit bonhomme en mousse?? »on ne peut pas faire mieux comme définition non?) mais je ne retrouve pas le nom et c’est Corentin Horeau qui remporte cette partie! Le nom de ce superbe instrument était le Kazoo.

Après de longues heures à se battre pour faire avancer le bateau à des vitesses incroyables proches des un à deux noeuds, le vent rentre de nouveau, timidement d’abord puis un peu plus dense. On repart sous grand voile et génois, du louvoyage contre le courant nous attend, et oui, enrouler Wolfrock ça se mérite!

L’occasion pour moi d’ailleurs de faire la plus grosse bourde de la régate et de loin, celle pour laquelle j’ai le plus perdu mon sang-froid! Après de longues heures de près, et pas mal d’accordéon, je finis par recoller Clairette sur Port de Caen Ouistreham et Vincent Biarnès (pendant que les premiers ont déjà enroulé depuis longtemps et doivent s’éloigner à vitesse grand V portés par le courant vers l’arrivée). Mais juste avant Wolfrock, je décide de tenter un dernier coup pour être au contact avec eux au phare et espérant bénéficier d’une bascule du vent courant. Enorme bêtise, c’est le vent qui tourne en premier et dans le mauvais sens pour moi, et la bascule de courant amène un vent encore plus défavorable du coup. Jeu-set et match, je passe le temps qui me sépare du phare à me maudire encore et encore, je me demande même si je vais réussir à le contourner de jour??

Enfin il approche, je me remobilise, je prépare le spi, j’enroule et j’ai pris une bonne demie heure de retard sur mes adversaires directs. Devant moi un anglais, il devient ma cible! Et en plus c’est le même avec lequel j’ai eu un contact à Sanxenxo. Bien reposée, j’ai physiquement bien récupéré lors de la dernière nuit en mer de mardi à mercredi et je suis d’attaque pour la côte anglaise.

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De nouveau se pose la question du courant à l’approche des dernières pointes anglaises. Nous l’aurons de nouveau dans le nez, je relie mes notes, j’ouvre les vieux carnets de courant de Benoit, et étant donné que nous sommes à moins de 5 milles de la côte, je décide d’aller faire du rase-cailloux (la falaise est très franche par ici) et un peu de tourisme par la même occasion pour me protéger au maximum du courant. Je passe un mini raz avant d’entrer dans la Baie de Salcombe, endroit incroyable à faire absolument en croisière, au même moment la brume qui était agrippée à la falaise se lève, les paysages sont tops. On continue, on enchaîne les baies et les pointes, dans 20 à 13 noeuds de vent sous spi, on profite pendant que les autres sont déjà arrivés depuis belle lurette selon le bateau suiveur. Derrière moi une dernière bataille se livre entre mon anglais et Faun environnement de Arnaud Godard Philippe, nous croisons un paquet de croiseurs anglais qui se baladent ou viennent à notre rencontre. Arrivée à Torbay, gigantesque Baie toute en hauteur et en constructions, ça sent le spot de régate!

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Fin de l’étape 3. Et comme c’est bien connu, les marins ne sont jamais contents, je ne suis pas très contente de moi et j’espère réussir à me remobiliser pour le quatrième et dernier round. Je suis en forme, nous avons un peu plus de temps pour nous reposer, au taquet pour la plus longue des étapes et une belle arrivée à Dieppe!

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A pas de loup puis à coup de hâche!

Dimanche matin tout allait bien à Sanxenxo, grand soleil, derniers préparatifs avant de prendre la mer pour 3 jours de baston un peu raides. Le samedi, en prévision de vents très forts (jusqu’à 43 noeuds attendus), skippers et préparateurs ont passé leur journée à adapter le bateau pour la baston : réamarrage de tout ce qui peu voler dans le bateau et au dehors, vérifications du solent et renforts, mise en place des deux ris sur la grand voile… Ce n’est pas sans quelques appréhensions que nous avons largué les amarres. Lire la suite