Après un court repos, en route pour Torquay!
Dimanche c’est reparti, on profite des derniers instants en famille, on peaufine la météo, on règle le bateau une dernière fois.
Suite à cette étape raccourci à Concarneau pour le grand désespoir des marins qui auraient aimés profiter un peu plus de leurs proches venus les soutenir en terre Bretagne, la direction de course a choisi de supprimer le passage par le Fastnet.
Au programme donc : départ dans la Baie de Concarneau, petit parcours spectacle, passage entre Groix et la côte, contournement du phare des Birvideaux située au nord ouest de Belle Ile, passage à l’ouest de la chaussée de sein et de Ouessant. Ensuite on trace vers a côte pour contourner l’île de Batz par le Nord, descendre chercher deux bouées à l’est de cette île et décrocher pour traverser la Manche vers le phare Wolfrock (au nord est des Scilly) avant d’atterrir sur la cote anglaise que nous suivrons jusqu’à la Baie de Torbay.
Une superbe navigation côtière prévue au raz des cailloux bretons, un programme tel que l’on ne ferait pas mieux pour une magnifique croisière estivale!
Revenons au départ : le vent à du mal à s’installer, ça ressemble à la Baie de Sanxenxo, les blagues des marins commencent à se bousculer sur les ondes. Après une première tentative où il y a une telle bascule de vent que le comité a du annuler, une seconde qui sera un départ volé par trop de bateaux et donnera un rappel général, c’est la troisième tentative qui sera la bonne. Je fais un bon départ plutôt à gauche de a flotte, j’arrive à choisir mon moment pour virer, et espère pouvoir recroiser, mais en route de collision avec un bateau, je décide de virer dessous. Dommage, si j’avais pu naviguer avec du vent frais à ce moment-là et retraverser le plan d’eau je pense que j’aurais été au top. Au lieu de ça j’enchaîne quelques manoeuvres médiocres, je recolle à la bouée au vent. on envoie le spi direction la sortie de la Baie, je me place à droite avec Yann Eliès juste devant moi. Nous enroulons Linuen pour traverser vers l’est de la baie mais je suis sous le vent de mes concurrents donc je mets énormément de temps à racrocher du vent dans le spi. Je reperds des places, beaucoup… Ensuite nous longeons la côte est jusqu’à une tourelle, les dragons. Avec Gropue Fiva nous passons au large pour éviter les dévents et profiter du maximum du courant et cela nous réussi. Ajoutez à cela un petit Z pour m’engager sur la tourelle des dragons à l’intérieur cette fois-ci, et j’enroule juste derrière Xavier Macaire, non fière de moi !
En route pour Groix, sous spi serré entre 12 et 15 noeuds de vent, la lumière est magnifique et nous progressons vite. Passage de Groix où un zodiac du bateau de la Volvo Ocean Race Donfeng (en escale à Lorient) viendra nous faire coucou. Le vent molli, nous passons vent arrière pour aller contourner les Birvideaux pendant que le soleil se couche.
J’arrive avec un paquet de 5 bateaux ou plus au phare nous sommes donc plusieurs à prendre la décision d’affaler le spi plutôt que de tenter un périlleux empannage largue-largue. On repart de l’autre bord, au vent de travers, c’est la course à la préparation du spi pour l’envoyer de nouveau ce qui se passe plutôt bien à bord de Région Basse-Normandie.
C’est après que ça se corse, j’affale trop tard quand le vent tourne, et surtout le bras du spis ne veut pas venir, j’ai beau libérer toutes les écoutes, descendre le tangon, tirer et tirer encore ça ne vient pas. Alors pendant que mes camarades avancent tranquillement, je me retrouve à saucissonner mon spi pour ne pas qu’il s’envole et pour que je puisse aller le décrocher à l’avant. Après ce passage épuisant, je n’arrive pas à trouver la vitesse. Je checke les algues dans les safrans, dans la quille, je modifie mes réglages, je tourne en bourrique (et pas pour rien car ceux qui suivent la carto me confieront à l’arrivée que j’étais très lente par rapport à mes adversaires!).
Je m’organise malgré tout pour caler des sommeils, et je fais cap vers la chaussée de Sein. La longue traversée de la Baie d’Audierne se fait sans encombres, nous passons tous la chaussée de Sein à peu près dans le même courant et commençons à tirer des bords de près vers Ouessant. A la fin, c’est la gauche qui passe (encore!) et le train-train qui commence. Après un très beau contournement de Ouessant avec le courant, en route pour Portsall où il faut arriver avant la renverse de courant. S’ensuit les traditionnels bords dans les cailloux jusqu’à l’île de Batz lors desquels deux bateaux déclareront forfait à cause de talonnages. Cette navigation a été un grand plaisir, la côte bretonne n’est jamais aussi belle que dans ces moments-là, au coucher du soleil. La nuit amène un peu de stress, quand les autres commencent à coucher et ue la marée est basse, tu commences à te méfier ! D’autant que mon sondeur n’en fait qu’à sa tête et que sur la cartographie, il y a un décalage entre la position actuelle du bateau et celle transmise sur la carte par le GPS, il faut donc réussir à prendre se décalage en compte pour ne pas manoeuvrer trop tard et se prendre un cailloux!
Heureusement, lorsque je contourne la côte ouest de l’île de Batz, le courant devient favorable et nous pouvons commencer à nous éloigner de nouveau des rochers.
Malheureusement, depuis Ouessant, les jeux sont faits. Les premiers bateaux à toucher la côté bretonne puis à la quitter sont aussi les premiers qui entrerons dans la dorsale, les premiers qui en ressortiront, qui profiteront du scénario courant idéal le long des côtes anglaises, bref ça part par devant.
Mais à bord, je ne me démonte pas, j’attaque la dorsale, j’ai des petits camarades de jeu pas très loin. La pétole nous engloutie tous sans exception, les jeux de radio toubib reprennent, je trouve le schmilblique, je le visualise : (« l’instrument avec lequel Patrick Sébastien joue le petit bonhomme en mousse?? »on ne peut pas faire mieux comme définition non?) mais je ne retrouve pas le nom et c’est Corentin Horeau qui remporte cette partie! Le nom de ce superbe instrument était le Kazoo.
Après de longues heures à se battre pour faire avancer le bateau à des vitesses incroyables proches des un à deux noeuds, le vent rentre de nouveau, timidement d’abord puis un peu plus dense. On repart sous grand voile et génois, du louvoyage contre le courant nous attend, et oui, enrouler Wolfrock ça se mérite!
L’occasion pour moi d’ailleurs de faire la plus grosse bourde de la régate et de loin, celle pour laquelle j’ai le plus perdu mon sang-froid! Après de longues heures de près, et pas mal d’accordéon, je finis par recoller Clairette sur Port de Caen Ouistreham et Vincent Biarnès (pendant que les premiers ont déjà enroulé depuis longtemps et doivent s’éloigner à vitesse grand V portés par le courant vers l’arrivée). Mais juste avant Wolfrock, je décide de tenter un dernier coup pour être au contact avec eux au phare et espérant bénéficier d’une bascule du vent courant. Enorme bêtise, c’est le vent qui tourne en premier et dans le mauvais sens pour moi, et la bascule de courant amène un vent encore plus défavorable du coup. Jeu-set et match, je passe le temps qui me sépare du phare à me maudire encore et encore, je me demande même si je vais réussir à le contourner de jour??
Enfin il approche, je me remobilise, je prépare le spi, j’enroule et j’ai pris une bonne demie heure de retard sur mes adversaires directs. Devant moi un anglais, il devient ma cible! Et en plus c’est le même avec lequel j’ai eu un contact à Sanxenxo. Bien reposée, j’ai physiquement bien récupéré lors de la dernière nuit en mer de mardi à mercredi et je suis d’attaque pour la côte anglaise.
De nouveau se pose la question du courant à l’approche des dernières pointes anglaises. Nous l’aurons de nouveau dans le nez, je relie mes notes, j’ouvre les vieux carnets de courant de Benoit, et étant donné que nous sommes à moins de 5 milles de la côte, je décide d’aller faire du rase-cailloux (la falaise est très franche par ici) et un peu de tourisme par la même occasion pour me protéger au maximum du courant. Je passe un mini raz avant d’entrer dans la Baie de Salcombe, endroit incroyable à faire absolument en croisière, au même moment la brume qui était agrippée à la falaise se lève, les paysages sont tops. On continue, on enchaîne les baies et les pointes, dans 20 à 13 noeuds de vent sous spi, on profite pendant que les autres sont déjà arrivés depuis belle lurette selon le bateau suiveur. Derrière moi une dernière bataille se livre entre mon anglais et Faun environnement de Arnaud Godard Philippe, nous croisons un paquet de croiseurs anglais qui se baladent ou viennent à notre rencontre. Arrivée à Torbay, gigantesque Baie toute en hauteur et en constructions, ça sent le spot de régate!
Fin de l’étape 3. Et comme c’est bien connu, les marins ne sont jamais contents, je ne suis pas très contente de moi et j’espère réussir à me remobiliser pour le quatrième et dernier round. Je suis en forme, nous avons un peu plus de temps pour nous reposer, au taquet pour la plus longue des étapes et une belle arrivée à Dieppe!